Sonotone

La dureté des guitares, le brouillard sonique qui enveloppe les mélodies et le bourdonnement sourd qui traverse l'ensemble de ces onze compositions est agréablement contrebalancé par les voix à la fois douces et aigues de Jasmine White-Glutz et Laura Lloyd, les deux moitiés de ce duo canadien. Ce contraste est particulièrement apparent sur Lunar Phobia ou Blue Neck Riviera, qui débutent comme une chanson de Cure période Pornography, avant de littéralement se liquéfier pour céder la place à une frêle mélopée. Comme souvent avec les projets shoegaze, le trésor se mérite, il est enterré sous une multitude de couches. Mais les deux demoiselles ont compris – à l'instar de leurs collègues A Place To Bury Strangers ou de la multitude de formations de dream-pop qui ont vu le jour récemment – qu'un mur de bruit blanc n'a de sens que s'il sert à cacher quelque chose. Une mélodie, par exemple. C'est le cas de la plupart des morceaux sur ce second album, qui suit le très bon Ghost Blonde sorti en 2010, comme les superbes Hare Tarot Lies, E ou Lizard Kids. La cerise sur le gâteau? Malgré la constance – la monotonie, diront certains – des arrangements, on ne s'ennuie jamais. Pas une seconde.