Daft Punk
Random Access Memories
Columbia/Sony
Beats
25 - 05 - 13
par Gaspard Turin
Bonjour! Je m’excuse de vous déranger chez vous, c’est pour vous parler du nouveau Daft Punk! Ça vous intéresse? Ah, vous saviez déjà qu’il est trop sympa. Ah, des collègues sont déjà venus sonner chez vous pour vous en persuader. Venus très nombreux, vous dites. Pour les Inrocks, album de l’année. Pour le Nouvel Obs, album de l’année. Pour Pedro Winter, album de l’année. Le NME lui met 10/10. On dirait que tout le monde est d’accord, d’ailleurs vous l’avez déjà téléchargé. Pourtant, il y a de quoi faire la grimace à plus d’un titre, vous permettez que je passe le seuil, c’est meublé avec goût chez vous. Parce qu’après avoir dit à quel point il était groove et plein de bons sons, il faudrait aussi admettre que Random Access Memories est un album kitsch, musicalement arrière-gardiste, dont tout le capital-audace fut intégralement dépensé lors de sa promotion. C’est-à-dire, finalement, un parfait exemple de consentement à l’époque, à la hype et au confort de la vie de riches que mènent maintenant depuis quinze ans nos deux robots-après-tout. N’avoir plus rien à prouver n’empêche pas de vouloir, à tout prix, se faire aimer de ses contemporains. Un disque de riches, un disque de droite, mais qui se vendra aussi bien aux pauvres, lesquels aiment bien recevoir des cartes postales de St. Barth, comme celles que je vois là, sur votre frigo, parce que ça mange pas de pain. Mis à part quelques coups de génie ponctuels (l’entrée de la batterie après six minutes dans Giorgio By Moroder, le jouissif passage disco absurde de Touch, la monumentalité progressive de Contact), Daft Punk échoue là où leurs amis versaillais de Phoenix ont réussi: dans la prise de risque, dans l’incertitude et la vulnérabilité.