Sonotone

Après Microcastle, leur double album (involontaire), puis le suivant, Halcyon Digest, voilà que ce groupe prolifique sort, avec Monomania, son cinquième opus. On cite volontiers Deerhunter, mais sans vraiment décrire leur musique. Bradford Cox et ses associés proposent pourtant un post-punk des plus honnêtes, la voix éraillée de Bradford infligeant en permanence des griffures aux mélodies goudronnées. Il y a bien sûr ce ton étrangement désolé du chanteur, qui s’explique peut-être par le syndrome de Marfan, la maladie génétique rare dont souffre Bradford. À noter qu’avec Deerhunter, on bénéficie de trois groupes en un, puisque le guitariste Lockett Pundt est plus connu pour son projet solo Lotus Plaza, et que Bradford Cox a déjà enregistré plusieurs albums sous le nom d’Atlas Sound. En l’occurrence, la monomanie à laquelle il est fait allusion est celle que Bradford a observé dans ses affections, qu’il s’agisse de musique ou de relations humaines. Sans surprise, à l’écoute, on constate que le morceau éponyme se détache nettement des autres titres par son jusqu’au-boutisme. Mais une chanson comme Dream Captain n’est pas moins émouvante, à la fois par son texte et par ses arrangements. Monomania est un album dont les distorsions paradoxalement à la fois bercent et rassurent l’auditeur. Une bonne cuvée 2013 pour Deerhunter, en tout cas. Mais la grosse difficulté, pour ce groupe bien coté, semble avoir été de ne pas laisser fuiter les morceaux de cet album avant sa sortie officielle.