Bastille
Bad Blood
EMI
Pop
25 - 05 - 13
par Julie Zaugg
Cela commence un peu comme une chanson d'Etienne Daho. Les échos de voix qui ouvrent Pompeii, le premier titre de l'album inaugural de Dan Smith, alias Bastille, évoquent Des Attractions Désastre du Rennais. Et les ressemblances ne s'arrêtent pas là. Ces deux dandys semi-décadents partagent un sens de la mélodie qui leur aurait aisément permis de se faire une place au soleil parmi des artistes commerciaux bien moins talentueux. Mais tous deux ont choisi d'emprunter un chemin de traverse légèrement plus tortueux, en infusant leurs compositions d'une certaine noirceur. Les mêmes ingrédients expliquent le succès récent d'une Lana Del Rey. Le résultat est une collection de chansons qui s'écoutent d'une oreille, se chantonnent facilement mais refusent inexplicablement de nous sortir de la tête. Le projet du Londonien - qui est né le 14 juillet, d'où le nom du groupe - est parfois grandiloquent (Things We Lost In The Fire, Laura Palmer), parfois sirupeux (Overjoyed) mais souvent aussi brillant (Bad Blood, Oblivion, Flaws, Daniel In The Den). Tout est organisé autour de sa voix dont le phrasé soigné, presque précieux, domine l'ensemble des titres. Le reste ne casse pas trois pattes à un canard (des refrains emphatiques, du piano, quelques sonorités électroniques), mais accompagne agréablement son timbre puissant. Un album qui s'écoute comme une indulgence un peu coupable. Une fois, dix fois, cent fois.