Soap&Skin
Narrow
Solfo
Pop
par Gaspard Turin
Ça démarrait mal: la reprise de Voyage Voyage, ambassadrice de ce second album de Soap&Skin (alias Anja Plaschg, une Autrichienne fille d’éleveurs de porcs, ça ne s’invente pas) laissait nettement regretter l’original de Desireless. Suffit pas de se mettre au piano et de poser des accords au petit bonheur, que l’on rythmera par ses propres respirations habitées. Faut aussi essayer d’éviter de bousiller la structure, d’aplatir la mélodie, et en bref de passer à côté de la chanson. Heureusement, le reste du disque rattrape assez largement cette bourde, grâce principalement à la très impressionnante voix de la Prussienne, qui fait de Soap&Skin une sorte de Bright Eyes au féminin. En allemand, le titre Vater, dédié à son père décédé, décline douceur et fureur, quand vers sa moitié son «lass mich rein» se fait de plus en plus menaçant. Il y a de quoi se mettre dans tous ses états (d’autant qu’elle parle d’entrer dans le cercueil pour devenir un asticot, bonjour l’ambiance). Heureusement, si les émotions prennent le dessus, elles se diversifient aussi beaucoup, et des titres comme Cradlesong ou Wonder sont presque apaisés. Les très belles mélodies de Lost ou de la martiale Deathmental, la puissance tranquille de Big Hand Nails Down complètent ce tableau d’un très bon album, un peu court – une trentaine de minutes – mais finalement c’est pas si mal que ça, au vu de la variété des mouvements intérieurs qu’il traverse.