Klub Des Loosers
La Fin de l'Espèce
Les Disques du Manoir
Beats
par Cédric Barrat
«Un soir la terre m'a raconté qu'il faudrait castrer les humains, car les erreurs se reproduisent, la preuve en sont tes gamins». Huit ans après un premier disque culte (Vive la Vie), une tentative de suicide et autres détails, le rappeur de Versailles a vieilli, mais reste très attendu. Fuzati est un rappeur à part: il réfléchit. Il porte un masque, car la loose est anonyme. Elle commence par faire du rap plutôt que suivre la trace des ses amis huppés. Son ghetto: faire HEC, trouver un travail absurde comme un Indien dans une réserve, puis faire des enfants comme un Animal reproducteur. «Nous sommes de la mauvaise viande, difficile d'être tendre», qui ne cherche qu'à échapper à la mort par les divertissements. Quand, arrivé à 30 ans, on abandonne l'idée d'être père un jour (Non-père) et de vivre une histoire d'amour sur le long terme, on ne peut que développer le pire des cynismes face aux enchaînements des fuck friends, aux femmes et à leur attentes de romantisme. Ainsi du Destin d'hymen: «Mieux vaut être seul qu'avec une conne qui claque son salaire en chaussures. [...] On se raccroche à ce qu'on peut même si au fond nos vies sont vaines. Tous voués au déchirement nous avions des destins d'hymens». Le Klub, ce n'est pas que Fuzati, Dj Detect, à la production, en est l'artisan de l'ombre. Travail d'orfèvre pour le son: free jazz, piano, chœurs et samples géniaux comme dans Mauvais Rêve: un médecin parlant à une femme en train d'accoucher. La mère : «Oh que c'est beau Docteur, je ne souffre pas, rien du tout!». Fin du morceau. Fin de l'Espèce.