Sonotone

Earth

Angels of Darkness, Demons Of Light II

Southern Lord

Rock


par Valentine Nicollier

Angels Of Darkness, Demons Of Light II clôt un dyptique dont le premier volet a paru l’année dernière. Les deux projets ont été enregistrés dans la foulée, mais alors que le premier est composé par Dylan Carson et sa compagne, la batteuse Adrienne Davis, le second est entièrement improvisé. Earth est un de ces groupes revenus d’entre les noires profondeurs d’une autre époque – Seattle, les années 90 – après une pause de quelques années durant lesquelles les addictions ont bien failli avoir la peau de Carlson. Les pionniers du drone doom proposent désormais un son qui, s’il n’a pas oublié ses penchants expérimentaux, laisse les drones en sourdine pour mettre au premier plan les racines country et blues de leur musique. Pour qui connaît ce nouveau Earth, les trois premières notes de Sigil Of Brass sonnent comme une évidence. D’emblée, on est en terrain connu, rassurant presque, sentiment confortable pour commencer un voyage dont on sent qu’il va être long. Il commence d’ailleurs progressivement, chaque instrument balbutiant d’abord avant de s’affirmer. Le rythme est extrêmement lent; Carlson et ses acolytes, dont la violoncelliste récemment arrivée Lori Goldstone, poursuivent une variation tendue autour de quelques thèmes. Le violoncelle, dont il faut saluer la venue dans le quatuor, s’il conforte une certaine pesanteur bluesy (le très beau Bis Teeth Did Brigthly Shine) enrichit cette construction plutôt austère d’une voix vagabonde (The Corascene Dog). Lents et souvent ascétiques, les 5 titres de cet album dégagent pourtant une force peu commune, dessinant non seulement les contours mais aussi la matière d’un espace à la fois dense et aérien, comme on imagine ces terres américaines désertées, scindées entre une réalité physique omniprésente et un espace par ailleurs complètement vide et ne demandant qu’à être investi.

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