Sonotone

LA voix est là, reconnaissable entre mille. Ce timbre de crooner qui ne s'assume pas, ce ton à la fois précieux et rugueux qui monte jusque dans les aigus avant de retomber sur ses pattes de baryton allumé. Et Jonathan Meiburg (le chanteur, donc) est très en forme sur ce septième essai. Il commence fort, avec un Animal Life d'une puissance à couper le souffle. Lyrique, emporté, ce morceau justifie à lui seul le génie de cette formation texane qui avait – ironiquement – débuté comme un side-project plus calme d'Okkervil River. Et ce n'est même pas le meilleur titre de l'album. Ce privilège revient à You As You Were, un classique morceau shearwaterien: beau, légèrement tordu, baroque. Tout au plus peut-on regretter quelques moments plus faibles (un Dread Sovereign un peu poussif ou un Insolence un peu longuet), voire carrément inadmissibles (les accents 80's de Open Your Houses (Basilisk)). Mais les albums de Shearwater ont toujours été caractérisés par ce genre de fluctuations, cela fait partie de leur façon de fonctionner. On monte si haut qu'on ne peut que finir par chuter. Heureusement, il y a un happy end: l'album se clôt sur le très réussi Star Of The Age.