Cyann & Ben
Sweet Beliefs
Ever Records
Incontournable
par Gaspard Turin
Voilà probablement le meilleur exemple de post-rock que l’Hexagone ait jamais produit. Seul le virage parfois difficilement négocié de l’accent distingue Cyann & Ben de ses plus fréquentables homologues américains, et encore n’est-ce pas faire justice à un tel groupe de le catégoriser ainsi, lui qui ne s’est jamais laissé prendre au piège d’un genre. Sweet Beliefs met du temps à décoller, comme à atterrir, c’est un disque qui s’envisage sur la durée. L’introductif Words, puis Sunny Morning, se déploient dans une ambiance épique ; ensuite, c’est, la chanson-titre qui prend ses quartiers, pour déboucher sur un très beau riff de guitare, tragique comme chez Blonde Redhead. L’esprit est assez proche des productions du label Constellation, à la Godspeed, et touche parfois à l’esthétique de Sigur Rós (In Union With). C’est au cœur du disque, au creux des couches qui l’entoure, que ses plus belles réalisations apparaissent, notamment Guilty, où l’on repère la marque de fabrique des futurs Yeti Lane: l’installation, au cœur de l’architecture rythmique, du riff de guitare qui lui donnera sa raison d’être. Recurring est quant à elle digne des plus belles réussites de Syd Matters et Sébastien Schuller réunis; Let It Play rappelle volontiers certaines chansons de Honey For Petzi. Un disque exigeant, faussement terne, humble et grandiose à la fois.