Washed Out
Paracosm
Sub Pop
Pop
11 - 11 - 13
par Gaspard Turin
Un bon album, c’est avant tout un album juste. C’est-à-dire qu’on pourra l’aimer ou le détester, mais si on l’écoute avec honnêteté, sa pertinence se dégagera d’elle-même. Paracosm est un album qui se tient – ce qui est heureux, étant donné le postulat du titre, qui promet un contre-univers de poche. Heureux aussi, si l’on se souvient d’Ernest Greene comme le pape absolu de cette tendance musicale fortement représentée aujourd’hui qu’est la dream-pop (ou chillwave, ou tu vois comment). Pourtant ici, malgré l’omniprésence de nappes synthétiques en tout genre, on est à des kilomètres de quoi que ce soit d’ambient. La preuve, on peut parler de cet album en isolant trois chansons, qui à elles seules valent qu’on se le procure. On commence avec la très évidente It All Feels Right, dans la lignée de ces grandes chansons pop, With A Little Help From My Friends, She’s A Rainbow, Love Is All, Sowing The Seeds Of Love, Frontier Psychiatrist: luxuriantes, ambitieuses, positives, géniales. Le genre qui finit sa carrière dans des publicités – tout est dit, mieux vaut l'écouter dès aujourd’hui. Passons ensuite à All I Know, un shuffle kitsch et insolent, dans la veine du premier album d’Empire Of The Sun. Les auditeurs enthousiastes y croiseront les dégoûtés qui évoqueront Simply Red, tant pis pour eux, ça fera de la place pour les honnêtes gens. Paracosm, enfin, est une chanson océanique, dont les contours sont flous: limites brouillées entre voix et synthétiseurs, entre basse et percussions, et dont le rythme se superpose avec des vagues de harpe. Para- ici, ne veut pas dire «contre», mais alternatif. -Cosm, bien sûr, pour l’aspect plein, matriciel et confortable de ce disque. Un seul désavantage: cela donne un album très autosatisfait, jusqu’à l’obscène trouveront certains. Pas besoin d’eux pour apprécier ce grand album pop, décomplexé et – oui – quasiment parfait.