Les (Faux)-Frères
Ça n’arrive qu’à moi/Le vent des plaines
Disques Evasion
Incontournable
11 - 11 - 13
par Valérie Bory
A la suite d’une plongée dans l’univers des vinyles des années 60, je mets sur ma platine un duo survivant de la paléontologie du rock local: Les (Faux)-Frères. Or, Gaston et Jean-Pierre furent les flirts (sages à l’époque) de nos 15 ans. Le 45T de Ça n’arrive qu’à moi et Le vent des plaines (un évocateur rythme de cavalcade à deux guitares et voix) date de 1968. Nos chemins s’étaient séparés depuis longtemps et un début de gloire avait touché le groupe de son aile. Mais de nos 15 ans, je n’ai pas oublié un concert tonitruant dans l’appartement de mes parents, ni ma mère admirative: «Qu’est-ce qu’ils chantent bien!». Les (Faux)-Frères avaient leurs idoles et se coiffaient tout comme eux: les Everly Brothers, natifs du Kentucky. Ces derniers – au son lié et harmonieux, avec des voix assez haut perchées – ont aussi inspiré les Beatles, et Simon et Garfunkel avaient mis le tube Bye Bye Love à leur répertoire. Elvis débutait à peu près à la même époque. Mais nous, fans de la – presque – 1ère heure du King, n’eûmes accès au nirvana que plus tard, avec les juke-box, qui trônaient dans le moindre bar à café et qui, grâce à un réseau direct d’importation, passaient toutes les nouveautés made in USA. A part la radio, nous n’avions aucun media. Les (Faux)-Frères avaient fait un tabac au Golf Drouot à Paris, la scène rock française, et ils passaient dans l’émission d’Albert Raisner: «Âge tendre et tête de bois» (sur la RTF). Ils finissaient modestement leur apprentissage dans la photolitho en attendant que Barclay ne leur fasse enregistrer leur premier 45T, en 1965…