Sonotone

Lovers n'est pas une nouvelle formation. Le groupe de Portland, Oregon, en est déjà à son septième album. Mais sa carrière s'est largement déroulée sous le radar. A l'écoute de A Friend In The World, on se demande comment le trio féminin a fait pour échapper à l'attention de la planète indie, tant ses chansons sont immédiates et originales. La très belle voix de Carolyn Berk, l'atout principal de Lovers, est subtilement mise en valeur par des synthés délicats et des rythmiques entêtantes qui donnent à son songwriting - somme toute assez classique- une touche d'étrangeté bienvenue. Ces dix titres semblent flotter, en apesanteur, sans ancrage particulier dans un genre ou une époque. Intimistes, jusqu'à en devenir presque dérangeants, ils laissent leur marque, furtivement: Lovers n'est pas le genre de formation qui s'impose à vous, qui vous donne un coup de poing auditif, plutôt un groupe qui vous surprend par sa présence discrète dans votre dos. L'aérien Wander Through The Time Of Hearts, le dépouillé Lavender Light, l'organique The Modern Art Museum Of The Modern Kiss Goodbye, le tribal Purple Sage ou le joli Girl In The Grass sont les moments les plus saillants de l'album. Si l'on excepte quelques titres plus plats (comme l'insignifiant Oh Yeah), ce disque est une très belle réussite.