Oneohtrix Point Never
R Plus Seven
Warp
Beats
11 - 11 - 13
par Frédéric Bachmann
On entre dans cet album de Oneohtrix Point Never comme dans une cathédrale, le jour des offices, avec un son d’orgue mystique et énigmatique. C’est du moins ce que propose Boring Angels, le premier morceau de R Plus Seven. Au milieu de cette demeure religieuse, une porte s’ouvre alors sur une forêt tropicale empruntée à un film de Werner Herzog. Americans, le second titre, nous fait alors penser que Daniel Lopatin, basé à Brooklyn, s’inspire assez clairement des ambiances musicales de Tangerine Dream ou même parfois de la musique New Age de Popol Vuh. Mais la suite de l’album part en sucette. Qu’attendre de mieux d'un premier album sorti sur Warp? Il se devait d’être «Weird and Radical». Car les morceaux deviennent alors des collages alambiqués sans queue ni tête de tout ce qui lui passe par la tête, à notre musicien. Sa seule ligne de conduite est de coller des sons les uns aux autres, tous azimuts. Et alors qu’on pensait se rapprocher des expérimentations de Fennesz ou d’Oval, OPN trouve un malin plaisir à taillader, d’un coup de cut & paste, toutes les mélodies qu’il parvenait par hasard à construire. C’est pourquoi on peut considérer que le fil conducteur se trouve dans les traces liturgiques, orgue et chants grégoriens à l’appui, qui se heurtent aux drones et aux nappes noisy. C’est du moins ce qui permet à cet album de garder une cohérence malgré le chaos permanent des collages. Au final, on regrettera également la tonalité trop lumineuse et proprette de l’instrumentation par rapport aux précédents albums, tel l’excellent Replica de 2011. Alors espérons que Warp ne lui soit pas monté à la tête et que le prochain album sera de nouveau du même acabit que ses précédentes sorties sur Mego ou No Fun Productions.