Sonotone

Par chez nous, on râle souvent à propos des Français qui nous innondent de leur variété pourrie. De Raphaël à Renan Luce, de la Star Ac’ à la Carla, pas un pour sauver l’autre dans ce maëlstrom de complaisances mutuelles. C’est qu’on oublie à quel point les meilleurs Français n’ont justement rien à voir avec ce monde-là, et Poni Hoax fait ici figure de véritable contre-ambassadeur. Bien qu’A State Of War n’exerce pas la fascination de leur précédent Images Of Sigrid, l’identité particulière du quintette est toujours là, dans leur groove à contre-courant, leur lyrisme décalé, façon punk invité par mégarde à la garden-party de l’Elysée. Et surtout dans la voix étrange de Nicolas Ker, grand mélodiste chantant faux, au timbre extraordinaire et à l’accent épouvantable. A la place des montagnes russes émotionnelles d’Images Of Sigrid, A State Of War est un disque en voie de réconciliation autour d’un son plus uniformément dansant (proche par exemple de la chanson Antibodies de 2008). Installés sous le patronage de Bowie (leur Young Americans n’est pas une reprise mais une sorte d’hommage appuyé), ils livrent ici certaines de leurs plus belles chansons (Blood & Soda, There’s Nothing Left For You Here, une Life In A New Motion qui aurait pu être écrite par Vladimir Kosma, la sublime The Word). Un disque assagi, mais toujours fidèle à cette sorte de dandyisme hors-la-loi, qui fait de Poni Hoax un groupe unique.