My Bloody Valentine
M B V
MBV Records
Rock
11 - 04 - 13
par Francis Kay
Il y a une vingtaine d’années en arrière, j’écrivais sans doute ma première chronique de disque dans un journal de gymnasiens, encore bouleversé par la musique des anges, avec le sentiment d’une renaissance – pas moins - grâce à l’écoute de Loveless. Avec l’album acronyme mbv, Debbie Googe, Kevin Shields, Colm O’Ciosoig et Bilinda Butcher se reforment, plus de vingt ans après ce qui était devenu tout de suite l’équivalent, du moins aux yeux des critiques, de l’album blanc des Beatles. Mais pour My Bloody Valentine, le bruit blanc a aussi été un parti pris esthétique toujours fermement tenu. Sur la pochette de Isn’t Anything (1988), leur antépénultième album, on percevait déjà que la réverbération atone tendait à effacer les visages des quatre membres de cette équipe de shoegazers étherés. Aucune déception dans cette cuvée 2013: les huit morceaux de mbv s’enchaînent de façon harmonieuse et la voix de Bilinda est toujours aussi charmante. C’est la suite logique de Loveless, dans la mesure où les compositions révèlent un véritable effort d’innovation, mêlant davantage de sensualité (les boucles de She Found Now, la ballade de New You) à davantage de violences (l’expérimental In Another Way). Si Kevin Shields ne s’est pas mis au néo-eighties comme tout le monde, c’est parce qu’il est déjà trop âgé pour se livrer à ce genre de facilités. Il a trop de respect pour toutes ces années passées à échouer devant le mur (du son) de Loveless, qu’il avait érigé autour de lui-même et de son groupe.