Sonotone

Rob Brown et Sean Booth sortent leur douzième album d’Intelligent Dance Music. Leur générosité peut surprendre puisqu’ils nous balancent deux heures de nappes sonores dans les oreilles, sans se préoccuper de l’ennui que ces couches pourraient susciter. Certes les sons et la production restent irréprochables. Les deux Mancuniens demeurent les maîtres absolus du bidouillage digital: avec leurs ordinateurs, ils parviennent à inventer et enchaîner une hallucinante variété de sons qui reflètent parfaitement leur esthétique spatiale et futuriste. Mais leur techno intelligente est devenue indansable et trop prévisible au fil des albums. Il reste donc à considérer cette musique comme de l’«ambient», à l’instar des mythiques Music For Airports ou Music for Films de Brian Eno qu’il souhaitait, quant à lui, délibérément confondre avec le paysage sonore. La musique d’Autechre peut s’assimiler à l’abrutissement de deux geeks autistes complètement isolés dans une chambre capitonnée, nourris au goutte à goutte, qui auraient vécu un mois éveillés par une drogue venue d’ailleurs, à tenter vainement de composer une musique pour les peuplades d’un monde virtuel tout en jouant simultanément à World Of Warcraft. Alors c’est vrai, il faut le dire franchement: on s’emmerde grave en écoutant les deux interminables heures d’Exai.