Sonotone

Les comparaisons qui abondent sur la toile avec Mumford & Sons ne pourraient pas être plus déplacées. Là où les Londoniens piétinent à coup de gros sabots une riche tradition folk et bluegrass empruntée à leurs cousins d'Outre-Atlantique, ce quintet de Dublin s'en inspire de façon subtile et référencée. Si certains titres mêlent les envolées lyriques, les refrains chantés en chœur et les tambourins martelés avec allégresse, comme Big Red Dragon ou Harper Lee, d'autres sont de subtiles odes pastorales, qui renvoient à l'héritage folk britannique. Plus Fairport Convention et Nick Drake que Bill Monroe ou Bob Dylan, en somme. Les cathartiques Angel Owl et The Consequence Of Not Sleeping, tous deux illuminés par la voix belle et étrange de Stevie Appleby, ne sont pas sans évoquer les mélodies tranquilles de Noah And The Whale. Le mélodramatique My Love Took Me Down To The River To Silence Me (cela pourrait être le titre d'une chanson de Nick Cave) est, lui, porté par le timbre puissant de Faye O’Rourke avant de se terminer dans un staccato de mots délivrés en rafale. Sur le superbe John Wayne, les deux voix s'entremêlent dans une belle harmonie contrebalancée par le bourdonnement de guitares rêveuses. Si cet album ne frappe pas par son originalité, la force de ses compositions suffit pour faire oublier la légère impression de déjà-vu qui s'en dégage.