Sonotone

Dirty Beaches

Bowery Ballroom, New York


06.09.2013

par Julie Zaugg

Les rideaux de velours beige et le balcon qui ceignent la scène lui donnent un air de théâtre du début du siècle. Sur l'estrade, Sandra Vu, ex-batteuse des Dum Dum Girls, défend les titres de son nouveau projet musical, SISU, une pop rêveuse et smithienne qui évoque The Organ. La salle trépigne d'impatience en prévision du déferlement sonore qui s'abattra sur elle lorsque Dirty Beaches prendra la scène, et lui déversera dessus son rock bruitiste inspiré de Suicide. Mais l'avalanche sonique n'aura jamais lieu. Le Canadien Alex Zhang Hungtai livrera une performance bien plus atmosphérique et subtile que colérique ou fiévreuse. Empilant les loops, qu'il ordonne au moyen d'une rythmique martiale omniprésente, il laisse le temps à ses chansons de se déployer lentement au cours de longues plages instrumentales. De temps à autre, il se saisit du micro d'un geste brusque, les yeux toujours vissés au sol, pour ponctuer le tout de quelques glapissements ou de paroles rendues incompréhensibles par les effets de révèrbe qu'il applique à sa voix. Il lui faudra quelques titres pour trouver ses marques, mais dès la seconde moitié du concert, les chansons remplissent toute la pièce, se fondant les unes dans les autres. Il choisit alors de faire retomber la tension, optant pour certains de ses morceaux plus calmes, les déclamant comme une sorte de Elvis ou de Roy Orbison sous acide. Le set se termine d'ailleurs sur un titre entièrement a cappella, ponctué d'une boucle de sa propre voix enregistrée quelques instants plus tôt. Hypnotisant et dérangeant.

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