Scott Walker
Bish Bosch
4AD
Rock
17 - 01 - 13
par Gaspard Turin
Les récents albums de Scott Walker résonnent merveilleusement aux oreilles de la critique, comme si celle-ci passait ses journées et ses nuits à écouter ses compositions. Or, il faudrait tout de même remettre les pendules à l’heure: il est évident que nombre de ceux qui encensent Bish Bosch s’empressent de l’enterrer au plus profond de leurs iTunes une fois leurs élogieux articles envoyés sous presse. C’est de l’art, aucun doute là-dessus. C’est très impressionnant, ces atmosphères cauchemardesques, ces usages saisissants des guitares, ces soudains changements d’ambiance. Très étonnant aussi, ce bruit de pet dans Corps de Blah, à 3 minutes 46. Et tout ceci sans ironie, véritablement, car chez n’importe qui d’autre c’eût été ridicule, mais chez Scott Walker, non. C’est de la peinture expressionniste, comme Otto Dix, Georg Grosz, Francis Bacon. Difficile pour autant d’accrocher une de leurs toiles dans sa chambre à coucher. Encore que je ne cracherais pas sur une toile de Jérôme Bosch (pardon, «Hieronymus Bosch» comme disent les Inrocks), dont le musicien s’est inspiré pour ce douzième album. On voit quel rapport existe entre le peintre néerlandais et cet album, dans son rapport au grotesque, aux matérialités basses. Raison de plus pour se demander si la place de Scott Walker ne serait pas dans un musée. On arrive, on jette un coup d’œil, on s’enthousiasme, on crie au génie à raison. Mais on repart, car on vit ailleurs.