Paul Banks
Banks
Matador
Rock
17 - 01 - 13
par Gaspard Turin
Dans un monde qui se soucie fort peu de bonne musique, et qui avait laissé Interpol aux portes de la hype au début des années 2000, quelle est la place de son chanteur Paul Banks? Assurément pas celle qu’il devrait avoir. Il est vrai néanmoins que si on cherche de la nouveauté, de la fraîcheur, ce n’est pas ici qu’on en trouvera. L’air est renfermé depuis que se succèdent les albums d’Interpol, celui de l’avatar Julian Plenti en 2009 et jusqu’à celui-ci, sous le nom de baptême de son chanteur. Des différences apparaissent, mais subtiles pour qui n’est pas familier du bonhomme. La discographie d’Interpol, tissée d’une même new-wave mate et complexe, pouvait frustrer l’auditeur dans sa continuité et sa logique imperturbable, genre cinquante nuances de gris. On pouvait aisément les croire enfermés dans leurs costumes trois-pièces, leurs personnages de dandys sombres et austères. C’est un Paul Banks nettement plus pince-sans-rire que l’on retrouve ici, sans pour autant que l’élégance ait été abandonnée – car elle lui est naturelle. La voix, plus nasillarde que par le passé, n’en perd pas sa puissance de conviction, quasi instantanée, sur l’auditeur. L’orchestration, les arrangements, sont riches et dispensés avec superbe. Outre deux intéressants instrumentaux, les chansons sont au rendez-vous, aux mélodies souvent saisissantes (Paid For That, I’ll Sue You, le tube No Mistakes). C’est donc, comme toujours, la classe.