El Perro Del Mar
Pale Fire
Memphis Industries
Pop
17 - 01 - 13
par Gaspard Turin
Il paraît loin, le temps de Look! It’s El Perro Del Mar (2006), ses chansons subtilement dépressives, la voix de Sarah Assbring si proche de son auditeur qu’il en ressortait bouleversé. A côté, Pale Fire fait un peu pâle figure. Non qu’il faille à tout prix comparer le premier et le dernier disque d’El Perro Del Mar – il y en a d’autres, entre deux, qui permettraient une perspective plus nuancée. Mais force est de constater que le formidable premier essai n’a jamais été transformé. Et que l’incroyable acuité affective de jadis est aujourd’hui comme sous verre. En témoignent d’abord les textes, répétitifs, dont la fonction apparaît globalement plus rythmique que sémantique. Le sens de la composition de la Suédoise est toujours là, à l’image de I Was A Boy, au rythme complexe et intrigant, à la mélodie subtile; de Dark Night, comparable aux meilleurs titres d’Au Revoir Simone; de Hold Off The Dawn, chanson pop extrêmement réussie et qu’on réécoutera avec plaisir. Mais résumer les textes de ces trois titres revient à écrire peu. On y répète, respectivement, «Yeah, yeah, yeah», «Didn’t you know, I was a boy before you came» et «Is there a way, a way, a way, a way to hold off the dawn». L’émotion est devenue mécanique, et Pale Fire manque d’âme. Comme de juste, la musique paraît bloquée dans une ambiance nineties généralement indigeste. Le pire s’incarne dans le titre Walk On By, qui perd de sa substance au profit d’une ambiance affreusement lounge. Au mieux, elle rappellera Saint-Etienne. Plus vraisemblablement, Sade. Au pire, les compils Buddha Bar. Je noircis le tableau, car certaines chansons valent le détour. Mais on ne peut s’empêcher de ressentir une petite déception.