Sonotone

Beach House

Les Docks, Lausanne, 17.11.12


31.12.2012

par Gaspard Turin

On avait laissé le trio sur une impression mitigée, au Kilbi festival, où Victoria Legrand nous avait fait le numéro passif-agressif dont elle est coutumière, n’adressant la parole au public que pour leur demander si nous «suivions le derby du Kentucky» (wtf?) puis, un peu plus tard, nous gratifier d’un «fuck off», probable conséquence de notre ignorance en matière de courses de chevaux dans le midwest américain.

C’est une Victoria moins sur les nerfs que l’on retrouve quelques mois plus tard, forte de nombreuses dates de tournée du nouvel album. Rien à dire sur le son, rien à dire sur le set que les amateurs ne connaissent déjà: tout roule, tout semble assez facilement mis en place, et les chansons n’ont pas subi de modification importante entre l’album et le live. Il faut dire que même celles de Teen Dream (2010) qui ont pourtant tourné sans fin sur nos appareils divers, n’ont pas encore fini de vieillir, et celles de Bliss (2012) atteignent leur pleine maturité et se laissent redécouvrir, telles la sublime Wishes. Un nombre impressionnant de tubes parsèment ces deux albums, dont le set sera exclusivement constitué. Se succèderont notamment Walk In The Park, Other People, Norway, Take Care, New Year, Zebra, toutes plus belles les unes que les autres, taillées dans le Lazuli dont on fait les Mythes. Un seul regret: on dirait bien qu’ils ne jouent plus la sublime Gila, déjà trop ancienne peut-être (2008).

Mais le moment fort du concert aura consisté dans le spectacle lui-même. Pas la sorte d’échafaudage à la Buren qui leur sert de décor de fond de scène, avec faux ventilateurs en balsa. Mais dans l’impressionnante personnalité de Victoria, qui en bonne petite fille du compositeur Michel Legrand s’essaie à la langue de Molière avec bonheur. Et qui, surtout, n’aura pas passé son concert à se cacher derrière son abondante chevelure. Jouasse, la virago demande à son public comment c’est le mon pour dire «chick» en français. Ce qu’elle dit ensuite, on ne comprend pas si c’est un petit gag ou une injonction pour les filles de se rapprocher de la scène, ou une sourde et violente imprécation à l’ensemble de son public. Mais on se dit qu’on l’aime tout de même. Vue d’ici. Peut-être justement parce que, de plus près, elle ne doit pas être très commode.

Interview
Chroniques