Sonotone

L’influence de Phoenix sur la pop française n’a pas fini de se faire sentir. Elle imprégnait encore les récents tubes de Revolver (The Wind Song) ou de ces demeurés de BB Brunes (Coups et Blessures). Difficile de mesurer la dose de calcul qui entre dans la conception de ce rock-pop à guitares, qui doit tout à l’indie mais qui se révèle en une seconde et demie à tout auditeur. Et qui pourtant ne devait valoir aux Versaillais le succès qu’ils méritaient qu’avec Wolfgang Amadeus Phoenix (2009), neuf ans après leur premier disque. Si on ne sait donc pas trop quoi souhaiter aux Caennais de Concrete Knives, on peut les remercier d’un premier album aussi ensoleillé et primesautier que celui-ci. Deux notes (!) de mélodie vocale suffisent à faire de Brand New Start l’un des tubes potentiels de cet hiver, et d’autres chansons telles Bornholmer, Happy Mondays ou Truth sortent du lot par leur énergie. L’autre tranchant de Concrete Knives est un peu moins classe: par certains aspects, le groupe rappelle parfois Superbus. Dans le côté bébête des gimmicks de voix (Roller Boogie), dans la naïveté d’une Greyhound Racing trop vite préméditée comme un hymne à stades, d’une Wall Paper citant la batterie de Cloudbursting de Kate Bush dix ans après tout le monde. Ce disque, direct et fringant, a les défauts de ses qualités. Je ne choisis pas mon camp entre ces deux impressions. Mais j’invite mon lecteur à le faire.