Die Jungen
At Breath's End
LebenStrasse Records
Beats
17 - 01 - 13
par Gaspard Turin
Dans ma bibliothèque musicale, Die Jungen (dont l’album date de quelques mois, pardon) sont à deux encablures de Dirty Beaches, et c’est une coïncidence significative. Car s’il existe deux formations esthétiquement proches, c’est bien celles-ci, qui inventent un spleen sixties basé sur le ressassement obsessionnel et mortifère d’un passé réactivé de façon mécanique. I Pray To You ou I Surrender ressemblent à s’y méprendre à des chutes de l’album de Noël des Ronettes. The Sun Is Coming Up est une quasi-reprise de And Then He Kissed Me des Crystals. La voix de Klaus Von Barrel arrive, nonchalante, un peu fausse, spectrale. On réalise assez vite que tout fonctionne sur des boucles, et un sentiment d’oppression s’installe, assez inédit. Le film auquel At Breath’s End servirait de bande-son serait celui d’une jolie débutante montée à New-York en 1964 pour devenir chanteuse chez Holland-Dozier-Holland, et qui réaliserait que musiciens, producteurs, chanteuses ont tous été transformés en zombies. Sans pouvoir se défaire de sa fascination, elle succombe au charme vénéneux de ces chansons, du doo-wop maniaque de I’ve Been Glad à la balade sirupeuse, genre Everly Brothers, de When I Awake. Phil Spector apparaîtrait à quelques moments-clés du scénario, avec des traces de moisissure de plus en plus apparentes sous la perruque.