Sonotone

Des Russes qui font de la pop new-wave, c’est pas banal. Comme quoi, à Rostov-sur-le-Don, on rêve aussi aux couleurs affadies et mouillées de l’Angleterre des années 1980. Guitares entre Field Mice et Felt, voix à la Ian Curtis, batterie épileptique à la Orange Juice, rien ne manque à la panoplie de ce quintette. Un soupçon préliminaire donc: n’était-ce leur origine improbable, aurait-on considéré ce groupe comme autre chose qu’un énième adorateur inintéressant des labels Sarah Records et Factory? Peut-être, mais alors on serait passé à côté d’un grand disque, car ces chansons valent leur pesant de pin’s de Lénine. Le label bordelais Talitres ne s’y est pas trompé (chez qui avaient par ailleurs débuté The National, mais cela n’a rien à voir). Une première écoute intégrale du disque pourra laisser sur une impression de similitude entre les chansons (notamment à cause de l’usage très monosyllabique d’un synthé bloqué sur «strings», comme une citation de Destroyer). Mais une seconde laissera admirer les joyaux de cet album, qui de son début à sa fin ne contient ni fausse note, ni faux pas, de Image à During The Years. S’il fallait en citer une ou deux, disons Rose In The Vase et Young River. Mais il faut tout retenir de ce disque miraculeux.