Sonotone

A tous ceux qui doutaient encore, après les impeccables Nights Out (2008) et The English Riviera (2011) que Metronomy était un groupe de génie, il est malheureusement possible que Love Letters puisse à son tour ne pas les en convaincre. Malgré le génie de cet album. Des trois titres qui l’ouvrent, aucun ne se fend du groove qui avait fait le succès de Heartbraker, The Look ou The Bay. Il faudra attendre le quatrième, Love Letters, pour que le sourire vous reprenne automatiquement où ces titres l’avaient laissé. Pas sûr qu’il vous fasse danser, à moins que vous soyez acquis à la cause de la motown, auquel cas vous n’y couperez pas. Et dans ce cas, prêtez une oreille à ce disque: il vous la rendra désorientée mais aiguisée. Bach avait inventé l’art du contrepoint, Joseph Mount est passé maître dans celui du contrepied: il fait discrètement l’inverse de ce qu’il faudrait pour asseoir son succès. Il suit un chemin au tracé connu de lui seul – on se demande parfois, en écoutant cette musique, s’il sait vraiment ce qu’il fait. Ou s’il est visité par un esprit (un génie, si vous avez suivi) et que son corps accomplit les mouvements nécessaires à l’entreprise, discrètement tordue, que constitue un disque de Metronomy. Ecoutez tout. Visitez ces îles tranquilles (I’m Aquarius, Month Of Sundays, Call Me, The Most Immaculate Haircut, Reservoir…). D’humbles pins parasols ont remplacé les palmiers de la Riviera. Nul doute que vous graverez alors à votre tour un cœur sur leurs troncs. Peut-être même une lettre entière.