Sonotone

Le présent est sombre, l'avenir est inquiétant et le passé est encore plus sinistre. La vie ressemble à cela dans l'univers dystopique de Have A Nice Life. Les six titres du bien nommé The Unnatural World, complétés par deux intermèdes lugubres, dépeignent un monde cruel et sans espoir. Un impression accentuée les guitares assassines, la batterie funèbre et les synthés sans pitié. Au lieu d'interagir harmonieusement, les instruments semblent engagés dans un combat à la mort. Cela n'est nul part plus apparent que sur le dérangeant Cropsey, un morceau dont le titre fait référence à une légende urbaine évoquant un serial killer caché dans un asile abandonné. Il débute avec un extrait d'un documentaire de 1968, "Suffer the Little Children", qui décrivait le traitement atroce d'enfants mentalement handicapés dans une institution de Pennsylvanie. On y entend l'un des patients, le petit Johnny, décrire ses conditions de vie, une bande jouée en boucle avant de céder la place à un superbe morceau gothique, à la fois froid et organique. L'ombre de Joy Division plane sur l'ensemble de ce disque, mais pas de façon intimidante. Have A Nice Life, dont il s'agit du second album, ont su tracer leur propre voie. Sur Defenestration Song et Unholy Life, deux titres post-punk remplis de révèrbe et d'une pointe de sentiment emo, la formation du Connecticut démontre son talent de songwriting. Sur Burial Society, il témoigne de sa capacité à créer une longue plage atmosphérique sans faire retomber la tension. Noir et beau.