Go-Kart Mozart
On The Hot Dog Streets
West Midland/Cherry Red
Pop
01 - 08 - 12
par Gaspard Turin
Si l’héroïsme comporte immanquablement un aspect pathétique, Lawrence est l’un des plus grands héros de notre époque. Avec, en bandoulière, sa nouvelle collection de pop songs synthétiques, barrées et géniales, il ressemble un peu à ces crevards que l’on croise complètement beurrés dans un bar de nuit et qui nous tiennent la jambe pendant des heures. Jusqu’à ce qu’on réalise, au fil d’une conversation polie, que le type est un ancien neurochirurgien, cuisinier étoilé ou prix Pulitzer. C’est un peu le cas de Lawrence, auréolé d’une immense gloire auprès d’un minuscule groupe de personnes (dont Belle & Sebastian et Girls) pour avoir, durant dix ans, officié à la tête de Felt, formation culte de l’Angleterre des années 1980. Depuis, le succès commercial tant attendu s’étant toujours dérobé, Lawrence continue d’y croire, mais encore une fois ne touchera personne, et certainement pas chez nous. A part les quelques excentriques qui oseront s’aventurer sur ces territoires de folklore périurbain, cheap et cockney, de débine et de grandeur mêlés. A ceux-là, les dix-sept titres de cet album réserveront un généreux accueil, fait de tubes déplacés (Come On You Lot, Electrosex), impossiblement kitsch (As Long As You Come Home Tonight) ou tués dans l’œuf (Robot Rock) aussi bien que de petites épiphanies poétiques (I Talk With Robot Voice, Synth Wizard, Men Look At Women). A ceux-là, le nom de Go-Kart Mozart résonnera toujours comme un mot de passe, à la porte d’un club privé et glauque, sur la porte duquel il est écrit, de toute éternité, «seulement pour les fous».