Francis Francis
We Happy Few
Autoproduit
Pop
01 - 07 - 14
par Gaspard Turin
Il s’agit d’un premier album, entre le EP et le LP, format agréable (et d’ailleurs pas assez utilisé) d’une grosse demi-heure de musique, pour un quintette fribourgeois officiant dans un genre musical non défini, que par défaut nous appellerons songwriting pop-rock-électro. Si je ne clarifie pas grand-chose, laissez-moi être plus direct: ça fonctionne super bien. C’est léger, ça ne se prend pas au sérieux (ce qui est tellement rare), mais ça n’en tombe pas pour autant dans la niaiserie (ce qui est encore plus admirable). Dug by the Elephant, élastique et baobab-esque, rappelle plaisamment dans ce sens le King Crimson décomplexé d’Elephant Talk. La facette synthétique-nonchalante du groupe fait parfois penser aux productions du label Tricatel (Lost in the Sand) ou aux premiers Phoenix (Generic). C’est probablement pour ça que notre collaborateur Francis, à qui j’ai soumis une chanson du groupe, a trouvé que ça faisait «hipster». C’est vrai qu’ils sont tous barbus dans le groupe, sauf une. Mais faut-il s’arrêter à ce détail, Francis? Pour ma part, je traduis ton diagnostic lapidaire de la manière suivante: dès que l’on a affaire à de la musique à la fois accrocheuse et maligne, apparaît le soupçon d’une production ultra-pensée pour faire le bââzzz (genre, je sais pas, London Grammar), et du coup cynique et sans âme. Sache que l’écoute de cet excellent album détruit tout présupposé de ce type. Rien n’est moins vrai en ce qui concerne Francis Francis, Francis. C’est pourquoi, chers lecteurs, n’écoutez pas Francis. Écoutez Francis Francis.