Damon Albarn
Dr Dee
Parlophone
Pop
21 - 05 - 12
par Gaspard Turin
Dr Dee risque de décontenancer les fans de Blur. Il ne conviendra pas plus à ceux de Gorillaz ou de Graham Coxon, et encore moins à ceux des frères Gallagher, qui enverront bouler d’un «whot the fook?» ce qu’ils qualifieront probablement de disque de tarlouze. Disque dont il faut préciser qu’il est la bande-son d’une sorte d’opéra autour du mathématicien/magicien anglais du XVIe siècle John Dee. S’y alternent les ballades très calmes chantées par Albarn, dans la lignée de Caravan sur Think Tank (2003), et les instrumentations mégalomanes, peuplées de grandes orgues berlioziennes et de chants lyriques. Mais l’ambition du projet est cela même qui l’entraîne vers sa perte, et Albarn ne convainc pas plus qu’un alchimiste pris d’orgueil qui prétendrait avoir découvert le secret de l’univers. On passera donc sur les errances à la Dead Can Dance de The Moon Exalted, sur les insupportables danceries Renaissance (Temptation Comes In The Afternoon), ou sur les pastiches de Klaus Nomi (Watching The Fire That Walzed Away), pour revenir à quelques très beaux titres, qui sont aussi les plus dépouillés. Notamment la ballade The Marvelous Dream, l’inaugurale Apple Carts ou la pastorale The Dancing King qui clôt le disque. A son insu Damon Albarn, dansant silencieusement parmi les chants d’oiseaux qui peuplent son domaine, ressemble à ce roi; et ce disque inégal, à un caprice de vieux souverain syphilitique, qui de ses précepteurs méprisant les courbettes, s’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes.