Sonotone

The Camden Crawl

Londres


05.05.2012

par Julie Zaugg

Les trois musiciens sautillent, tapent sur un xylophone, pianotent frénétiquement un synthé Bontempi. La vision est incongrue dans ce pub sombre normalement perturbé uniquement par le son des chopes de bière posées sur le comptoir. C'est là tout le charme du Camden Crawl, un festival atypique qui investit tous les débits de boissons et salles de concert de ce quartier du Nord de Londres, deux jours durant chaque mois de mai. Les trois Français de We Were Evergreen y trouvent en tous cas un public attentif pour leur pop joyeuse et rythmique (un peu comme les Popples faisant du math-rock) en ce milieu de samedi après-midi.

Le mur de son d'Odonis Odonis n'a pas de peine non plus à s'insinuer jusque dans les alcôves sombres de l'ancien théâtre qui abrite le légendaire club Koko. La formation de shoegaze canadienne joue certes devant un public clairsemé mais sa puissance de feu rappelle celle de groupes comme A Place To Bury Strangers.

La journée se poursuit au Monarch, un pub rempli de canapés en velours, avec la prestation de Fear of Men. Ce quatuor mené par une demoiselle à frange dont le timbre prend fréquemment des inflexions à la Morrissey livre un concert carré et efficace d'à peine 30 minutes.

C'est ensuite au tour de Loney Dear de prendre la scène aux Dingwalls, au cœur du marché de Camden. Empilant les couches de guitare qu'il enregistre sur le champ avant de les diffuser en boucle, le multi-instrumentaliste danois apparaît si fragile au milieu de ses micros, caisses claires et pédales à effets qu'un simple souffle semble pouvoir le casser en deux. Sa voix fluette se brise sur les aigus; les mélodies poignantes de ses compositions sont noyées dans le magma sonore qu'il a fabriqué sur scène.

Le contraste avec Team Me, une troupe de jeunes Norvégiens aux accents Arcade Fire-esques, n'en est que plus saisissant. Engoncés dans un coin de l'Abbey Tavern (le bassiste ne trouve même pas la place de monter sur la mini-scène et joue à côté du public), ils projettent leur musique de fête foraine indie aux quatre coins de l'établissement. Mais il est déjà temps de retourner au Koko, où The Big Pink a déjà largement entamé son set d'électro-rock habité, devant une salle déchaînée.

La soirée se termine à l'étage du petit pub The Enterprise, au son de la pop symphonique de Bastille et sur une reprise du Rythm Of The Night de Corona (sic). Gardons le meilleur pour la fin: la plupart de ces formations sont d'authentiques découvertes et n'ont même pas encore sorti d'album. A surveiller de près ces prochains mois...

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