12.10.2012
Edito
par Julie Zaugg
Le droit d'auteur, une notion née au 15e siècle avec l'invention de l'imprimerie, est bien mal en point en ce début de 21e siècle. Ce concept juridique, inventé pour rémunérer les auteurs d'œuvres de l'esprit et formalisé par la Convention de Berne de 1886, avait pourtant survécu à l'émergence d'une multitude de nouveaux supports: du vinyle à la cassette, en passant par le CD. Ces derniers avaient même contribué à la renforcer, en fixant sur un objet commercialisable les chansons que le droit d'auteur était censé protéger. Mais l'avènement de l'internet a complètement remis en question ce modèle. Dématérialisée, disponible sur un réseau global qui favorise l'anonymat des usagers et partagée à l'échelle mondiale, la musique est désormais devenue un bien insaisissable, dont il est quasiment impossible de contrôler les allées et venues sur la toile. Même pour ses auteurs. Le phénomène a encore été accentué par la myopie des maisons de disques, qui ont pris bien trop de temps à reconnaître l'ampleur du problème et perdu du temps et de l'argent à poursuivre des stratégies de lutte ineptes. Qu'on songe seulement au système d'encryptage DRM, presque abandonné aujourd'hui. Ou encore aux procès inefficaces et coûteux intentés contre les petits poissons du piratage, ces ados ou mères de famille qui n'avaient téléchargé que quelques centaines de titres illégalement. L'industrie commence tout juste à se réveiller, mais peut-être est-il déjà trop tard? Les sites de piratage ou de streaming sont bien implantés et sont à tels point entrés dans les mœurs qu'il paraît aujourd'hui incongru à un jeune de 15 ans de payer pour de la musique. Sera-t-il encore possible de renverser le processus? Seul l'avenir le dira.