Sonotone

Mumps – en anglais, les oreillons: une maladie infantile, attrapée malgré tout par les grands garçons de la fratrie Wolf lors d’une tournée récente. On sait ce que la maladie peut réserver aux mâles adultes qui la contractent; sans présager des souffrances endurées, on peut toutefois déduire de la qualité de cet album que tout le monde, dans le van, s’en est sorti sans dommages irréversibles. Il est probable, en fait, que le soin qu’ils ont apporté à leurs propres esgourdes est voué à se propager dans celles de leurs auditeurs (aucune allusion sexuelle ici, dois-je préciser). Musicalement, Mumps, etc. marque le retour, dans l’arsenal du groupe, du genre qui lui réussit le mieux: le hip-hop. Evidemment, l’alchimie propre à ce groupe fascinant inclut de nombreux passages chantés, et force est de constater que le bonhomme maîtrise tout aussi bien son flow (impeccable) que ses mélodies (nasillardes et ironiques). Toujours aussi pince-sans-rire, Yoni Wolf profite de sa palette générique pour flirter avec le dub et la musique mariachi (White English), la pop la plus classique (Sod In The Seed), la balade bancale à la Tom Waits (Paper Hearts) le slow (Kevin’s Cancer) le ragga (Distance), voire le gangsta (Bitter Thoughts), dans un mélange de gravité et d’inconséquence: «a white dove on the hood of a two-ton truck», entend-on sur la géniale Jonathan’s Hope. Un éclectisme qui aura marqué de toute façon chacun des quatre LPs de Why?, et qui ne surprend plus vraiment. Mais c’est toujours un intense plaisir d’écouter ce groupe, profondément attachant.