01.07.2014
Edito
par Gaspard Turin
WHY PITCHFORK SUCKS IN 2014
Il y a plusieurs choses à dire à propos de l’édito de ce mois.
1. Il n’a strictement rien à voir avec le contenu de ce numéro,
2. Il est écrit en français, contrairement à son titre.
3. Il se réfère effectivement au webzine Pitchfork, référence actuelle ultime en matière de critique musicale et souhaiterait se pencher sur les raisons pour lesquelles ce site suce.
4. Et ceci «en 2014». Mais il faut préciser que c’était déjà le cas de l’année dernière et de la précédente, probablement également en 2011. Avant, personne ne sait, c'est trop vieux, les sédiments du net ne sont plus lisibles. Cette date est donc la première des nombreuses récusations gratuites formulées ici.
C'est pas qu'on n'aime pas Pitchfork. C'est juste que, dès qu'il y a monopole, il y a de quoi se méfier. Et si ce webzine américain est probablement géré de façon honnête, ça n'est pas pour autant qu'il faut adhérer à tout ce qui s'y publie. Voici quelques raisons qui nous donnent de sérieux doutes quant à la crédibilité générale de leur entreprise.
i. Leurs articles sont trop longs. Quand on lit la presse musicale, on a surtout besoin de savoir si le rédacteur a trouvé le disque à son goût, et les raisons qui motivent cette inclination devraient être réduites à leur portion congrue.
ii. Une importance démesurée est accordée aux paroles des chansons. Il est probablement nécessaire de s’y intéresser, mais pas outre mesure, ou alors on écrit un essai sur une œuvre littéraire. Accorder tant de poids aux paroles, c'est d'abord sacraliser le verbe – et donc celui même que l'on utilise. C'est chercher à graver dans le marbre son propre article, sous couvert de l'éloge fait à l'artiste. C’est aussi ne pas tenir compte du fait que l’anglais est utilisé par des gens (anglophones ou non) qui trouvent parfois bien pratique d’avoir cette langue pour pouvoir dire n’importe quoi. N’oublions pas le grand nombre de chanteuses et de chanteurs qui, au sujet du message qu’ils délivrent, ne donnent pas une merde.
iii. Ils couvrent énormément, ce qui est une qualité, mais pas seulement. On n'en est pas encore arrivé au "syndrome Inrockuptibles", qui consiste à prétendre que, puisqu'on est tellement intelligents à propos de musique, pourquoi s'y arrêter? Parlons de théâtre, de politique, de société, notre compétence est sans limites, tout comme notre prétention. On en est pas là chez Pitchfork, mais on pourrait y arriver. Ce serait une conséquence de i. et ii.: les gens de Pitchfork présentent une approche si globale qu’ils prétendent toujours, même tacitement, détenir une vérité définitive sur la question. Être prétentieux, en l’occurrence, n’est pas dans le jugement de valeur (ou alors toute la critique est prétentieuse, et nous autres en particulier). Elle se trouve plutôt dans le geste totalisant, totalitaire. Rien de ce qui sort dans les labels et maisons de disques les plus connus n’échappe à Pitchfork, et Pitchfork écrit tout ce qu’il y avait besoin de savoir sur les disques qui passent entre leurs oreilles. D’ailleurs Pichfork s’autocite constamment.
J'aurais pu en faire un dossier avec preuves accablantes à l’appui, mais je préfère écrire un édito, parce que c’est bien plus gratuit et de mauvaise foi. A présent bon été.