Sonotone

Tindersticks

The Something Rain

City Slang

Rock


par Gaspard Turin

Chocolate, en introduction (suicidaire) du disque, est une très longue plage parlée rappelant Arab Strap, et racontant une histoire à l’ironie subtile – «the end of a perfect day» - qui vous réservera plusieurs surprises si vous l’écoutez jusqu’au bout. Ainsi Tindersticks posent-ils, comme toujours, la barre assez haut: cet album ne va pas se livrer de lui-même, il va falloir le mériter. Rares sont les chansons de moins de cinq minutes, rares également les coups d’éclat ; la brillante This Fire Of Autumn est à peu près la seule qui attire directement l’œil. Et à ne pas s’arrêter au reste du disque, on en viendrait à manquer les superbes arrangements de cuivres et saxophones de Slippin’ Shoes, ou la précarité affective de Frozen, où Staples répond à son propre écho avec inquiétude ; une chanson qui nous rappelle que Tindersticks ne se reposent jamais dans les antichambres de velours où l’on pourrait croire qu’est leur place. Surtout, on manquerait le joyau de cet album, Medicine, où une boîte à rythmes, un orgue et une guitare servent avec discrétion une mélodie minimaliste et sublime. Et j’en oublie, bien sûr.

Le groupe a vingt ans l’année prochaine. The Something Rain est le neuvième disque d’une discographie qui, selon Stuart Staples, fonctionne à coup de trois albums. Une fin de cycle donc, et peut-être plus que cela. Mais si Tindersticks devaient annoncer la fin de leur carrière avec ce disque, une telle fin est assez belle pour que leur légende prenne le relais.

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