Sonotone

Blouse

"Venez nous parler après le concert!"

par Gaspard Turin

Forts d’un premier album que nous n’allons pas tarder à chroniquer (hum), chez l’excellent label Captured Tracks, le trio américain de dream pop Blouse joue le 22 février au Romandie, à Lausanne. Histoire de vous donner envie de les voir et de découvrir leurs chansons géniales (Into Black, Time Travel), nous leur avons posé quelques questions par e-mail, auxquelles la chanteuse Charlie Hilton a bien voulu répondre. Avec une gentillesse qui frise parfois l’amour universel, c’en est presque inquiétant.

Sonotone: Il y a un grand nombre de noms de genres associés à votre musique: dream pop, slowcore, cold wave, art rock… Comment décririez-vous votre musique sans passer par ces dénominations?

Charlie: Je suis nulle quand il s’agit de labelliser la musique par genres, en particulier la nôtre. Mais il est facile de la décrire avec des adjectifs ou des métaphores… Je dirais qu’elle est assez… funeste. C’est un ciel dans lequel plane un étrange oiseau. C’est une nature-morte aquatique.

 

S: D’où vient le nom de votre groupe?

Ch: Jacob (Portrait, le bassiste, ndlr.) a vu ce nom dans la vitrine d’un nettoyage à sec, pendant que nous étions en train d’enregistrer.

 

S: Comment écrivez-vous vos chansons?

Ch: Ordinairement tard dans la nuit, avec quelques notes très simples de guitare. J’aime bien faire des démos des nouvelles chansons sur GarageBand pour les garçons. Je leur envoie les paroles et la mélodie, et ensuite nous écrivons tout le reste ensemble, au studio. A partir du moment où la chanson est écrite, ça devient très collaboratif, mais nous n’avons jamais de vision claire de ce que ça va donner. Nous les construisons en général autour du chant et de la ligne de basse.

 

S: Vous êtes actuellement en tournée. C’est une vie qui vous plaît? Ressentez-vous des différences de public, suivant où vous jouez?

Ch: On adore. On tourne avec Misty Mary aux synthés et Paul Roper, notre batteur. Nous sommes en plein milieu d’une tournée européenne en ce moment, et c’est tellement génial que c’en devient indescriptible. Et, oui, chaque public devant lequel nous jouons est différent. Parfois les gens sont très calmes, ce qui m’anesthésie presque. En Belgique par exemple, j’avais l’impression de chanter sous l’eau. Ailleurs, ils dancent comme des fous. Pendant notre concert de Cologne, il y avait un type qui a fait du air-drum pendant la quasi-intégralité du concert.

 

S: Il y a quelque chose de cinématique dans votre musique. Avez-vous déjà envisagé d’écrire pour le cinéma, ou d’inclure des projections à vos concerts?

Ch: Oui, c’est effectivement un fantasme que j’ai d’écrire de la musique de film. J’espère que ça arrivera un jour. L’année dernière, nous avons monté un spectacle son-et-lumière avec le duo Wooden Lens, et j’ai très envie de continuer à faire ce genre de choses. J’aimerais bien que des gens nous contactent avec des idées à ce niveau; je ne sais pas trop comment les trouver. C’est comme chercher l’amour…

 

S: On entend de manière évidente beaucoup de références aux années 80 dans votre musique (Cocteau Twins, Joy Divison…). Croyez-vous que la substance musicale de notre époque est à chercher dans le passé? En d’autres termes, voyez-vous de nouveaux genres significatifs émerger dans les années 2010?

Ch: En art, il faut toujours regarder en arrière. Chaque mouvement peut être vu comme une réaction au précédent, parfois avec une meilleure compréhension de ce que faisaient les gens à leur époque. S’il y a une quelconque tendance significative actuellement, je dirais que c’est de tirer notre musique de tout un tas de genres différents, auxquels nous n’avons jamais eu de meilleur accès qu’aujourd’hui. Nous avons aussi une plus grande liberté d’enregistrement et de partage de la musique, avec ou sans le concours des maisons de disques. Tout cela rend les années 2010 quasiment indescriptibles. Le tableau devrait se présenter de manière plus claire quand il sera achevé et que nous le regarderons depuis les années qui suivront.

 

S: Vous êtes en concert à Lausanne très bientôt. Voudriez-vous dire quelques mots aux gens qui vont venir vous écouter?

Ch: Je voudrais vous dire que nous n’oublions jamais ceux pour qui l’on joue. Je tiens un journal dans lequel j’écris ce qui se passe durant notre tournée, et la plupart des choses que j’y écris sont à votre sujet. A partir de là, nous sommes tous unis dans la même histoire. Maintenant, tout ça résonne de manière un peu lourde et dramatique; je ne veux pas vous mettre trop de pression! À part ça, sérieusement: venez nous parler après le concert. Nous voulons vous connaître.

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