Sonotone

Bauhaus

In The Flat Field

4AD

Incontournable


par Gaspard Turin

Quand sort en 1980 le premier album de Bauhaus, la presse britannique ne fait pas exactement preuve de bienveillance à son égard. «Un ramassis de gémissements torturés, incompréhensibles et dépourvus du quart de la moitié du commencement d’un quelconque intérêt», écrit le NME. Il n’en fallait peut-être pas plus à Bauhaus pour rallier sous leur bannière de haillons tous ces futurs zombies que le monde connaîtrait plus tard sous la dénomination de gothiques, cold wave, voire de leur rejeton déficient emo. Pourtant s’il fallait au genre un album-souche, le Closer de Joy Division, datant de la même année et assorti du suicide de son chanteur, fait nettement mieux l’affaire aujourd’hui. Il serait plus juste de dire que Bauhaus n’a pas voulu choisir entre le glam-rock (de Bowie et T-Rex, qu’ils ont repris) et le post-punk, en y ajoutant un aspect sinistré inédit. Car de fait, il semble improbable que des amateurs de Twilight ou d’Evanescence puissent se retrouver dans cette collection de titres expérimentaux (The Spy In The Cab, dont la ligne de basse n’est constituée que d’une seule note très haute et jouée métronomiquement, A God In An Alcove et sa guitare stridente, les hurlements de Peter Murphy sur Stigmata Martyr…). Efflanquées et rageuses, ces chansons témoignent certes de l’ambiance avant-gardiste de l’époque, mais possèdent aussi l’autodérision des films de Romero ou Sam Raimi, et ont finalement plutôt bien vieilli… C’est-à-dire qu’elles ne sont pas aussi mortes qu’on le croyait… Mon dieu! It’s alive!!!

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