Sigur Rós
Kveikur
XL Recordings
Rock
22 - 07 - 13
par Julie Zaugg
Le septième essai aura été le bon. Avec Kveikur, Sigur Rós fera taire une bonne fois pour toutes les oiseaux de mauvaise augure qui ne voient en la formation islandaise qu'un vague combo new-age qui a su se marketer auprès d'un public indie. Dès les premières notes - ou faut-il plutôt parler de sinistres craquements? - de l'inaugural Brennisteinn, la beauté de ce grand album sombre et noir est apparente. Sigur Rós n'a jamais été avare d'instrumentations luxuriantes et d'ambiances cinématographiques, mais ils se sont réellement surpassés ici. Véritable cathédrale sonore, symphonie sépulcrale, éloge funèbre, cet album concentre tous les meilleurs moments de Sigur Rós, en leur ajoutant une dimension plus âpre et angulaire avec laquelle ils n'avaient encore jamais expérimenté jusqu'ici. Fini les longues plages ambient inoffensives, Kveikur est un disque qui interpelle l'auditeur, ne laisse pas indifférent. Une métamorphose qui évoque le Third de Portishead. Les magnifiques et torturés Storumur, Blàpràdur et Kveikur en sont les meilleurs ambassadeurs, mais même les jolis Isjaki, Rafstraumur et Yfirbord finissent par tomber le masque, le mélodique cédant la place au strident, l'apaisé à l'anxieux. Si Sigur Rós a passé les 15 dernières années à créer une bande originale pour le paradis, il a désormais choisi de composer celle de l'enfer. Pour notre plus grand bonheur.