Sonotone

Ça commence avec une très belle cavalcade sombre (The Sound Of Law), comme chez 16 Horsepower. La voix de Gibson est basse, presque trop, il pourrait servir de doublure à Andrew Eldrich (des Sisters Of Mercy) ou à Brendan Perry (Dead Can Dance). Mais la coloration naturellement gothique de cette voix est rapidement contrebalancée par d’autres ambiances, et l’on est ravi d’entendre le bonhomme prendre quelques risques à quitter petit à petit les sentiers codifiés de la dark folk. Certains titres, parmi les plus réussis, construisent des ambiances cinématographiques à la Badalamenti (Franco), à la Wenders (The Pisgee Nest). Le danger de cette tentation d’eclectisme, c’est de croire que l’excursion elle-même vaut toujours le détour. Or certains titres sont parfaitement dégueulasses. Trop kitsch souvent, comme sur All My Days Off: quand la cymbale crash est mise en avant au mixage par des tonnes de reverb, si on s’appelle Leonard Cohen on est excusé, sinon c’est qu’il y a un petit problème. Et Won’t You Climb, qui sonne comme une face B de Steely Dan: est-ce assez dire ? Heureusement, y en a des biens comme dirait Didier Super, et ce sont les plus directes, comme l’elvissienne Kissing On The Blacktop ou l’inquiétante The Right Signs. Un disque un peu en montagnes russes, ce qui ne gâche pas l’intérêt, véritable, de son écoute.