Mermonte
Mermonte
Les disques normal
Pop
01 - 07 - 12
par Gaspard Turin
Attention, génies! Les Français de Mermonte méritent à coup sûr ce qualificatif, réussissant sur ce court premier album la synthèse improbable de la pop acoustique et du post-rock, voire du math-rock. Mais une telle entrée en matière ne leur fait pas justice. Il vaudrait mieux citer des noms: si la simplicité acoustique de Jamie rapproche ce titre d’Elliott Smith, les chansons les plus ambitieuses que sont Eté, Oups ou la superbe Grain rappellent la précision nerveuse de Foals, ce que confirme un titre comme David Le Merle, entre Tortoise et Wilco. Cette avalanche de références prestigieuses ne doit pas faire oublier deux choses. D’une part, que Mermonte pourrait en remontrer aux artistes susmentionnés, notamment sur un plan technique; car ses dix membres (dont deux batteurs, qui doivent jouer à s’impressionner l’un l’autre tout le temps) produisent une musique d’une précision sans failles, aussi bien sur disque (et plusieurs écoutes ne sont pas de trop pour réaliser l’ampleur de la tâche accomplie) qu’en concert (si l’on en croit les rares vidéos disponibles). D’autre part, et c’est le plus étonnant, que sur un premier album de huit chansons, durant trois-quatre minutes en moyenne, se développe une identité aussi singulière. Une musique estivale, apaisante; mais aussi une broderie complexe, une série de miniatures ahurissantes dans ses enchevêtrements. Une musique propre à l’émerveillement, comme celui que provoque la rencontre entre un plongeur et une fine dentelle de coraux accrochés par miracle aux récifs.