Sonotone

Les albums de Yo La Tengo sont comme les films de Woody Allen. Il y en a des excellents, des bons et des moyens. Mais il n'y en a jamais de mauvais. Le niveau de départ est trop élevé. Autre similitude: le trio de Hoboken, New Jersey, en est à son treizième disque en 28 ans, alors que le réalisateur new-yorkais a dirigé 22 films en 43 ans. Fade fait partie des bons albums de Yo LaTengo. Il n'atteint pas les niveaux d'excellence de And Then Nothing Turned Itself Inside Out, le chef d'œuvre de 2000, mais il comporte dix titres, parfois sautillants, parfois atmosphériques, qui font la part belle aux rythmiques tourbillonnantes caractéristiques de Yo La Tengo. Cela commence très fort avec la joyeuse Ohm, qui noie une mélodie aérienne sous un mur de réverb paresseux. Sur Is That Enough, la voix familière - et éternellement calme - de Ira Kaplan est assortie d'une ligne de guitare grinçante en arrière-plan, qui ajoute une part de malaise à cette jolie chanson pop. Un peu plus loin, Paddle Forward est le morceau le plus consistant de l'album, même si les riffs à la Weezer évoquent un peu trop les années 90. Plus intéressant, Stupid Things prend le temps d'évoluer tout au long de ses cinq minutes, les boucles répétitives du début prenant de l'ampleur au fil du morceau. La cuvée 2013 de Yo La Tengo est un bon cru.