Sonotone

Les voiles, celles que l’on aperçoit depuis la plage de Granville, station balnéaire au nord de Saint-Malo, d’où partent les ferries pour les îles anglo-normandes. Lever les voiles, pour «tout recommencer à Jersey» comme le suggère le très joli single Jersey sorti en primeur l’année passée. Emmenée tambour battant, une ritournelle de trois minutes dont on ne se lasse pas, l’un des tubes du premier album de ce tout jeune quatuor de Caen (ils ont à peine vingt ans). En toile de fond, donc, l’océan, mais pas celui des Beach Boys... Ici on garde sa petite laine, et avec un peu de chance, en plein mois d’août, l’eau atteint 20 degrés. Fraîche, piquante, comme les chansons un peu mélancoliques de Granville. Ces quatre-là souffrent en effet d’un mal assez répandu dans la pop actuelle (ils s’avouent eux-mêmes fans de Best Coast ou de Tennis - un bon point, les petits): la nostalgie d’une époque qu’on a pas connue. Comme sur les vieux Polaroid (un morceau moins évident car le chant un chouïa maniéré de Mélissa Dubourg y est mis à nu) ou dans les films de Rohmer, dont les images sont recyclées dans le clip de Le Slow, autre hit au potentiel hype incontestable. Signalons aussi Robe Rouge aux paroles délicieusement abstraites, avec des riffs à vibrato un peu désaccordés. Menthe à l’eau, queue de cheval, marinière, Granville va nous enchanter au moins jusqu’à l’été.