Sonotone

Christopher Owens

Lysandre

Fat Possum

Pop

01 - 03 - 13


par Gaspard Turin

Christopher Owens, depuis les premiers efforts avec Girls et maintenant en solo, a toujours visé la simplicité des mélodies, l’évidence d’une chanson que l’on sait entendue cent fois, mais pourtant juste et à sa place. La voix est moins étranglée que par le passé, mais rien n'a vraiment changé depuis Girls. L’évidence musicale est toujours mise en balance avec les paroles de ces chansonnettes. C’est là qu’on retrouve la complexité du bonhomme, qui traîne avec lui un wagon d’expériences merdiques et de traumatismes non-résolus, si l’on en croit le chapelet d’anecdotes clochardisantes que constitue le titre New York City: «I remember begging my best friend for my life – he cut me and his wife with a pocket knife». Ambiance. Lysandre n’est donc pas un feel-good album, pas besoin de comprendre l’anglais pour le ressentir assez rapidement. Et ce, bien qu’Owens semble avoir très fort souhaité qu’il le fût, quitte parfois à sombrer dans l’ineptie la plus totale – l’incompréhensiblement latinisante Riviera Rock au milieu de l’album en est la preuve. Comme par hasard, c’est un titre instrumental. Alors que c’est par (ou avec, ou malgré) sa voix et tout ce qu’elle traîne avec elle de casseroles et de beauté convulsive qu’Owens réalise des miracles, comme la fabuleuse Everywhere You Knew, ou la sautillante Part Of Me, en queue d’un album à la fois cucul et fabuleux, à la fois court et joyeux, comme la vie d’un adolescent mort d’une rupture d’anévrisme un soir de biture.

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