Sonotone

«This is just a simple song», entonne James Mercer sur le single du même nom, avec sa voix si directe, si candide qu’on lui donnerait le bon dieu sans confession. Détrompez vous sur l’ensemble de ces assertions. A Simple Song est l’une des chansons pop les plus travaillées, les plus produites que l’on peut entendre ces temps, comme d’ailleurs Port Of Morrow dans son ensemble. On est très loin de toute forme de spontanéité. D’ailleurs le bonhomme n’est vraiment pas très sympathique, chantant d’un côté qu’il est, au fond de lui, resté un enfant (September) et de l’autre virant à tour de bras l'intégralité de son personnel entre chaque album, pour être bien sûr d’être le seul aux manettes (ce qui, tout bien réfléchi, n'est pas si contradictoire). Bref, tout ça n'est vraiment pas très sympa. Mais quoi qu’il en soit, ces réserves ne tiennent pas face à la qualité désarmante de cet album, digne des précédents, qui avaient tous déjà placé la barre très haut. Ce qui change par rapport à Wincing The Night Away (2007), c’est le choix plutôt mid-, voire downtempo de la majorité des titres. La moins réussie (Bait And Switch) est d’ailleurs la plus rapide. Car la beauté emprunte le cours d’un long fleuve tranquille sur September, For A Fool, 40 Mark Strasse ou la brillante It’s Only Life, à croire que Mercer a trouvé son rythme de croisière, de cabotage plutôt, entre les ports lointains que sont les albums des Shins.