Sonotone

Lee Ranaldo

Between The Times And The Tides

Matador

Rock

20 - 04 - 12


par Gaspard Turin

Lee Ranaldo a toujours été mon Sonic Youth préféré, avec son léger strabisme et son air de vieux hibou. Son entrée en matière sur Waiting On A Dream est époustouflante, comme s’il avait attendu toutes ces années de travail dans l’ombre pour enfin donner de la voix, la sienne propre, directe et juste. Un peu éclipsé jadis par son comparse Thurston Moore, un peu perdu dans l’expérimentation lors de précédents albums solo, il démontre ici qu’il n’a plus aucune dette à payer à sa formation d’origine. D’ailleurs le contenu de Between The Times And The Tides ne s’embarrasse pas d’étiquettes, c’est du rock tout con – sauf que chaque titre démontre sa nécessité, dans un ensemble très narratif où rien n’apparaît comme superflu. Car son statut de légende vivante de l’avant-garde new-yorkaise ne l’empêche pas de se réapproprier ses racines folk: étonnament, la très simple Hammer Blows rappelle l’évidence d’un REM. Mais ce sont des titres plus consistants qui dominent, à l’image de la centrale Xtina As I Knew Her, au chant-parlando inquiétant ; l’évidente Tomorrow Never Comes ou la splendide Fire Island (Phases), dans lesquelles le guitariste mercenaire Nels Cline, échappé pour l’occasion de chez Wilco, fait des merveilles, jouant le rôle de trublion génial que Jim O’Rourke eut à l’époque de Murray Street (2002) ou Sonic Nurse (2004) pour Sonic Youth. Un disque en forme de storytelling, qui construit aussi, mine de rien, un bout de l’histoire du rock américain.

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