Sonotone

Arnaud Rebotini

Les Docks


17.12.2011

par Valentine Nicollier

Entre Rebotini, faux bourrin de l’électro française, et Lausanne, l’histoire d’amour décidément bat son plein! Après le Romandie qui l’a invité plusieurs fois l’année dernière, puis un concert dans les studios de Couleur3, c’est aux Docks de le programmer pour un live set tiré de son dernier album, Someone Give Me Religion. Conséquence de cette omniprésence? la salle des Docks était loin d’être pleine, bien que l’artiste traîne une réputation de bête de scène. Celui qui avait été convaincu par sa prestation au Romandie, toute en sueur et en rock’n roll attitude, à des années lumières d’un live électro habituel, peinant souvent à transcender le dispositif de l’homme seul derrière ses machines, n’aura pas été déçu. Rebotini n’est pas un producteur conventionnel; il entretient avec sa musique un rapport de musicien plutôt que de programmeur.

Depuis Music Components (2008), il travaille exclusivement avec des vieux synthés. Comme il l’explique volontiers à la presse, il a besoin d’instaurer un rapport physique avec l’instrument, ce qu’il ne réussit pas à faire en travaillant avec des ordinateurs. Cette parenté avec des musiciens habités se prolonge sur scène et en fait un artiste live fascinant: le voir véritablement produire des sons, se démener, tourner comme Vulcain dans sa forge, captive et contribue à la tension qui émane de ses live.

Le dispositif a légèrement changé depuis la dernière tournée. Rebotini, désormais en costume trois pièces, entouré de ses machines, est également flanqué de deux écrans de vjing. La scénographie est claire et vise à faire comprendre que ce à quoi le public assiste n’est pas de tout repos: Rebotini est un artisan au travail et il se démène pour sortir des sons de ses machines comme s’il s’agissait d’extraire de l’or d’un tas de boue. La sueur, et le progressif abandon du trois pièces dandy contre son traditionnel t-shirt de forçat blanc sont là pour vous le rappeler.

La musique est à cette image, entre moments de tensions et kicks bien appuyés. Rebotini est en forme et les morceaux sont impeccables. Ça commence plutôt bien, le public ne s’y trompe pas et danse comme un seul homme. Rebotini propose aux Docks une version résolument club de Someone Give Me Religion. Les morceaux sont étirés, et enchaînés comme pour un dj-set, selon une boucle bien connue: plage planante limite psychédélique – montée progressive jusqu’à l’explosion du beat – longs jeux sur la distorsions des sons. C’est excellent au début, très bon pendant un temps, mais, à la longue, si on n’est pas venu pour danser, on se prend à trouver le temps long, à anticiper le développement du morceau, et puis finalement à se lasser. C’est peut-être les limites de ce genre de concerts, réunissant des clubbers et un public plus traditionnel de salles de concert, forçant les derniers à écouter un format qu’ils n’apprécient peut-être que moyennement, et les premiers à sautiller à 23 heures.

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