Labrats Bugband
Pully For Noise
25.08.2012
par Sophie Morceau
On voulait vous parler de Light Asylum, pour lesquels on a fait une pétée de kilomètres, histoire de les voir deux fois en moins de dix jours tellement c’était bien. Ensuite, on s’est pris une telle volée de bois vert en voyant Labrats Bugband, qu’on s’est dit qu’on préférait choisir un groupe local que vous auriez l’occasion de voir, plutôt que d’un duo new-yorkais que vous aviez de toute façon déjà raté.
Labrats Bugband donc, c’est six types installés dans la région lausannoise qui font un hip-hop expérimental plutôt agité tendance Death Grips. La comparaison s’arrête à l’énergie dégagée sur scène, puisque la formule de Labrats Bugband c’est trois emcees et trois types derrière des machines. Les six types déboulent sur scène, les trois gaillards, artisans du son post-industriel méchant et déconstruit se glissent plutôt discrètement derrière leurs machines, tandis que les trois emcees occupent le terrain de l’avant-scène. Obaké et Rynox sont habillés plutôt normalement, tandis qu’Abstral Compost, scandaleux comme à son habitude, monte sur scène dans un déguisement qui n’aurait pas déparé dans un Mad Max. Le concert commence et les impressions que leurs concerts précédents nous avaient laissées resurgissent en force. Le niveau tant du flow de chacun des emcees que de leur façon d’en jouer entre eux est monstrueux. Les instrumentations sont un peu en retrait, mais leur densité leur permet de revenir occasionnellement au premier plan. Du côté des emcees, trois flows très différents: un déferlant, c’est Obaké, qui n’est pas sans rappeler les meilleurs moments de Fuzati, un déconstruit – Abstral Compost – que l’on sent plus influencé par les américains et un bulldozer – Rynox – dont le verbe ample permet à la partie vocale de respirer. Les instrumentations sont louvoyantes et oppressives, plus proche d’une expérimentation noise que d’un beat-making classique. Le résultat: une heure trente de concert qui assène des beats et des paroles avec une constance sans temps mort, à dix mille lieues au-dessus du hip-hop français. Paronomases, allitérations et gradations se taillent la part belle, épaulées par des beats décharnés et cruels. En fait, on n’avait aucune idée de combien de temps les types avaient joué, tant ce qui se passait sur scène était passionnant. C’est en sortant, les joues rougies par la bière et la température de la salle que l’on a réalisé qu’ils avaient joué aussi longtemps. La deuxième découverte, c’est qu’après ça, on ne pouvait plus rien voir d’autre tellement ça avait été bon et intense. On s’est donc contenté de boire des bières en papotant avec les potes devant l’Abraxas, pour s’en remettre. La prochaine date annoncée: le 29 septembre au Romandie – on y sera.