01.11.2011
Edito
par Julie Zaugg
L’affaire était entendue: avec l’arrivée des MP3, la lente agonie des chaînes comme MTV (ou leur transformation en vecteurs d’une télé-réalité trash) et le marasme qui s’est emparée de l’industrie musicale toute entière, plus personne ne se donnerait la peine de produire des vidéos de qualité. Eh bien, c’est tout le contraire qui s’est produit. Depuis quelques années, et à la faveur de l’émergence des sites de partage de vidéo tels YouTube, le clip – comme on l’appelait dans les 90’s – effectue un come-back fulgurant. Et pas seulement chez Lady Gaga. Ces derniers mois, on a pu observer le phénomène chez certains protagonistes les plus endurcis de la scène indie. Cela a commencé ce printemps, lorsque Spitting Blood des Britanniques de Wu Lyf fait son apparition sur les écrans d’ordinateurs. Très travaillée, esthétisante et violente, la vidéo met en scène un épique combat entre des colons et des aborigènes, où le sang devient peinture. Pas exactement la débauche de moyens attendue de la part d’une formation qui cherche à se distancier radicalement du business de la musique. Cet été, c’est le discret Beirut qui s’y est mis, avec une vidéo aux accents ensoleillés sur le destin d’un homme qui a perdu sa compagne mais doit s’acquitter de ses factures médicales (Santa Fe). Enfin, la surprise est venue il y a quelques semaines du vétéran de la folk dépouillée Bonnie Prince Billy, pourtant peu adepte de ce genre de mise en scène baroque: Dans la vidéo de Quail And Dumplings, on le retrouve au milieu d’une peuplade aborigène (encore) qui le sauve avant de le tuer d’une fléchette empoisonnée dans la nuque. Video killed the radio star? Une fois de plus.