Sonotone

Faust

So Far

Polydor, 1972

Incontournable


par Frédéric Bachmann

«Il n’y a pas de groupe plus mythique que Faust», écrivait Julian Cope dans son anthologie du Krautrock, Krautrocksampler. En tout cas, avec un nom pareil, une musique diabolique devait naître de ce groupe fondé à Wümme en 1971. Et ce n’est pas un hasard si ce deuxième album de Faust est sans doute le plus abouti et néanmoins le plus inventif et visionnaire de leurs quatre premières années d’existence, avant que le groupe ne se dissolve en 1975. Faust y jalonne le chemin de la musique ambient et industriel. Werner Diermaier et Jean Hervé Péron, le noyau de ce groupe de Teutons, y jouent des morceaux composés à partir d’une structure évolutive. Par exemple la chanson d’ouverture, It’s a Rainy Day, Sunshine Girl commence comme un rythme répétitifs à 8 temps joué sur des caisses claires surélevées par Diermaier tandis que pendant sept minutes des instruments viennent se rajouter au fur et à mesure, comme par exemple un synthé analogique, le tout formant un crescendo vertigineux. Un harmonica se glisse sur ce tempo infernal qui se termine par un riff de saxophone. Sur So Far, un saxophone répond à une guitare tandis qu’une basse métronomique et un rythme jazzy soutiennent ce fragile édifice musical. Mamie Is Blue base son rythme sur un bruit atroce de machine agricole qui est ensuite cassé ou coupé, soulignant une complète imperfection du fonctionnement et une large place laissée au hasard dans cette musique que nos instrumentistes ont dû composer dans un sale état. No Harm devient presque un hymne avec son slogan répétitif qui laisse songer que la folie n’avait pas épargné nos musiciens: «Daddy, Take The Banana, Tomorrow Sunday ». De là y voir une référence au Velvet, il n’y a qu’un pas.

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