01.12.2011
Edito
par Gaspard Turin
Les éditos, on le sait, sont des articles que personne ne lit jamais. C’est pas de chance pour les éditorialistes, qui sont les voix de la presse d’opinion, mais en même temps c’est logique: les patrons (les actionnaires majoritaires, mettons) d’un journal ne laisseront jamais leurs journalistes écrire tout et n’importe quoi dans des colonnes qui seraient fréquentées par des lecteurs. Si vous lisez ceci, qui est le début de la quatrième phrase d’un éditorial, vous faites partie d’une quantité infiniment négligeable de lecteurs (surtout que la troisième était longue, j’ai dû en perdre pas mal). On pourrait se tutoyer, d’ailleurs, maintenant qu’on est plus que les deux? Bon, de toi à moi, je vais te confier un secret. Mais ça reste entre nous, je compte sur toi. Voilà: je prétends que j’aime le rock indépendant depuis des années, alors qu’en fait je suis archi-fan de comédies musicales françaises. Là, je l’ai dit. Chez moi, j’ai La Légende de Jimmy en vinyl première pression, signée par Luc Plamondon. J’ai vu dix-sept fois Mozart, l’opéra rock, dont cinq avec des places dans le carré VIP, dont la dernière fois en septembre de cette année où j’ai serré la main de Dove Attia, ensuite je me suis bourré la gueule à la Clairette de Die, c’est là que je me suis mis à vouloir chanter L’Assasymphonie dans le micro du DJ et ça a mal tourné. Depuis j’ai une interdiction d’approcher Mikelangelo Loconte à moins de trente mètres. J’essaie de m’amender, de changer, mais c’est dur. Récemment par exemple, j’ai résisté à l’envie d’acheter l’édition limitée de Dracula, l’amour plus fort que la mort, le coffret BluRay collector en latex rouge. J’ai perdu pas mal de mes amis dans le processus. Tu comprends pourquoi on me confie des éditos, maintenant? Eh, ami lecteur, t’es encore là?... Y a quelqu’un?...